« Mais ! ‘Eternel Dieu appela l‘homme et lui dit : Où es-tu ? » (Genèse 3,9)
Peu après la chute, Dieu pose une question fondamentale à Adam : « Où étais-tu ? » Dieu connaît la réponse ; il cherche en l’ayant déjà trouvée ! Pourquoi ? De cette manière, non seulement la nature même de la grâce et de l’amour divins est mise en évidence, mais aussi le besoin de repentance et de foi humaine. 11 n’y a pas de rédemption sans confession sincère, pas de confession sans repentance, pas de repentance sans reconnaissance de faute, pas de reconnaissance de faute sans réflexion, ni auto-examen profonds.
« Où étais-tu ? » La question englobe tout. Elle concerne d’abord la manifestation de la grâce et de l’amour divins à la recherche de l’homme coupable, nu, terrorisé et honteux, se cachant de son Créateur. Elle exprime ensuite l’accusation grave, sans palliatifs, de la justice divine enfreinte. C’est aussi une flèche décochée à la conscience de l’homme, un appel à sa nature morale et responsable. « Où es-tu ? » est aussi une invitation pleine de sollicitude à se confesser, à rencontrer à nouveau le Créateur ; c’est un appel à la capacité humaine de conversion et à l’acceptation de rédemption.
Cette question du Créateur au seuil même de l’économie du péché posait le premier acte du plan du salut, était une première prophétie messianique garantissant au pécheur perdu que Dieu était à sa recherche. À partir de là. l’histoire du salut sera une chaîne ininterrompue d’initiatives divines en quête des êtres humains, dont Jésus-Christ représente la réalisation suprême : « Car le Fils 6e l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » (Le 19.10)
« Où es-tu ? » n’est pas une question générale, collective, lancée en l’air. Directe, privée, personnelle, elle me concerne, moi. Je ne puis l’éluder ni regarder ailleurs, ni me réfugier dans les carences spirituelles des autres, car le salut est personnel. Comment dois-je y répondre ? En m’arrêtant, en réfléchissant, en plongeant d’abord mon regard en moi-même, en une introspection qui me permette d’analyser les bases de ma piété : ma foi, mon espérance, ma joie, mon amour. Ensuite, en regardant en haut, vers Dieu, à la recherche de communion, en sollicitant de l’aide, en suppliant de recevoir du secours. Finalement, en regardant dehors, vers ceux qui m’entourent et en évaluant ma responsabilité par rapport à eux, en reconnaissant mes devoirs familiaux et sociaux.
Or le vêtement de peau d’agneau décrit dans ce verset nous amène à comprendre l’amour de Dieu pour nous à travers sa question « où es-tu ? ». « L’Eternel Dieu fit à Adam et à sa femme des habits de peau, et il les en revêtit. » (Genèse 3.21)
Après les récits de la tentation et de la chute, le chapitre 3 de la Genèse présente cinq épisodes qui résultent du péché d’Adam et Eve : 1. Dieu cherche le couple humain et lui demande « Où es-tu ? » 2. Il lui annonce le proto-évangile. 3. Il communique à la femme et à l’homme quelles seront les conséquences du péché. 4. Il couvre la nudité du couple en lui confectionnant des vêtements avec des peaux d’animaux. 5. Il l’expulse du jardin d’Eden où était l’arbre de la vie et poste à ses portes des chérubins brandissant une épée flamboyante. Ces récits doivent se comprendre dans le cadre des solutions et remèdes prévus par Dieu pour faire face à la nouvelle situation de l’être humain. Réalisés immédiatement après la chute, ils ont une signification rédemptrice et ouvrent le long chemin du plan du salut.
L’une des premières sensations que nos premiers parents ont éprouvées après la désobéissance fut la honte de leur nudité. Ellen White dit que « leur vêtement lumineux disparait. N’osant se présenter dévêtus devant Dieu et devant les anges, ils se mettent à façonner quelques ajustements. » (Patriarches et Prophètes, p. 34) Il est évident qu’ils avaient perdu leur innocence et que la nudité impudique qu’ils contemplaient maintenant de leurs yeux était le résultat de la connaissance du mal. Mais ce qui remplissait vraiment leur cœur de honte était la nudité de l’âme, une conscience coupable qu’ils voulurent faire taire en remplaçant le manteau de lumière qu’ils avaient perdu par des vêtements de feuilles de figuier.
C’est ainsi, le corps maladroitement couvert de ces vils vêtements, que le Créateur les trouva cachés parmi les arbres du jardin. Le Seigneur ne put leur rendre leur manteau de lumière mais il leur confectionna des vêtements de peaux, pour lesquels il fallut sacrifier quelques animaux. La mon de ces animaux, nécessaire pour couvrir la nudité due à leur transgression et remplacer les pagnes qu’ils s’étaient cousus, fut le premier sacrifice cruel du plan du salut, le premier sang d’expiation pour le péché, un type ou une préfiguration du sacrifice même du Sauveur. Adam et Eve comprirent que quelqu’un devait mourir pour expier leur faute et couvrir leur péché. Ainsi est né le système de sacrifices que l’on trouve dans tout l’Ancien Testament. Ces peaux typifiaient aussi la mort vicaire de l’Agneau de Dieu, le manteau de justice par lequel Christ remplace les vils vêtements de l’homme pécheur, et les vêtements blancs, propres, de gala, avec lesquels nous entrerons aux noces de l’Agneau.
Ainsi ce verset : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre, ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le Salon. » (Genèse 3.15).
Ce verset annonce pour la première fois la bonne nouvelle du salut. C’est que tout, dans ces récits des origines, prend un caractère inaugural, prototypique, et dans un certain sens, prophétique. Deux idées fondamentales sont exprimées ici : l’homme et le tentateur vivraient, au cours de l’histoire de l’humanité qui commençait, un conflit permanent dans lequel l’humanité devrait souffrir de mille et une « morsures » différentes, douloureuses et cruelles du « serpent antique » (Apoc 12.9). Cette réalité incontournable d’un monde déchu allait y transformer la vie de l’homme en une longue et douloureuse tragédie. Cette inimitié séculaire aurait pourtant un dénouement. Elle se résoudrait un jour par la blessure mortelle qu’un descendant d’Eve causerait au serpent en lui écrasant la tête. Le texte est porteur d’un sens messianique évident, reconnu aussi bien par les juifs que par les catholiques et les protestants. II représente la première promesse de rédemption après la désobéissance de nos premiers parents, une perspective de futur qui engendrerait foi et espérance du salut dans le cœur angoissé de l’homme.
D’une part, oui, une humanité envahie par la peur, pourchassée et en conflit, mais aussi de l’autre l’espérance en la venue d’un libérateur. Il faut remarquer que ce conflit annoncé en Éden (« Je mettrai inimitié… ») génère dans le cœur humain une sainte aversion pour le péché, car c’est de Dieu que procède toute réaction de l’homme face au mal. Sans quoi l’homme serait un esclave du tentateur, une marionnette, une victime impossible à lui arracher. L’espérance est donc fille de la chute. L’on peut aussi affirmer que la promesse de Gn 3.15 a été la condition de tout progrès depuis la chute. Voilà comment l’assurance du pardon engendra de nouveau l’espérance en l’avenir. L’homme déchu se releva et commença son chemin de retour vers son Créateur.
L’apôtre Paul déclare : « Mais lorsque les temps turent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi. » (Ga 4.4) Les termes utilisés ici permettent de comprendre qu’il s’agit de l’accomplissement de Gn 3.15. La mort de Christ sur la croix correspond au moment où le second Adam blessa le serpent à la tête. Voilà comment la croix garantit la victoire éternelle du bien sur le mal et condamna le péché à l’anéantissement.
Or l’immortalité d’Adam et Eve dépendait de deux conditions essentielles : d’abord, l’obéissance au Créateur ; ensuite, manger continuellement du fruit de l’arbre de la vie pour posséder «une existence sans fin ». S’ils cessaient de le faire, leur vitalité « allait subir une déperdition graduelle, pour aboutir à la décrépitude et à la mort. » {Patriarches et prophètes, p. 37)
« Vous ne mourrez point. » (Gn 3.4) À part cette fausse promesse du tentateur, aucun autre passage du récit des origines ne dit que l’homme pourrait avoir accès à l’immortalité après le péché. Par contre, deux éléments démentent complètement cette assertion. D’abord la déclaration du Créateur : « Le jour où tu en mangeras, lu mourras. » (Gn 2.17) Ensuite, le fait de faire sortir Adam et Eve de l’Éden pour qu’ils ne mangent plus de l’arbre de la vie (Gn 3.22-24). Pourquoi celte décision ? L’immortalité du corps après la chute n’aurait constitué en aucune façon un privilège, mais plutôt le pire des châtiments. Le paradis se serait converti en enfer. Le Seigneur empêcha que le péché ne s’immortalise par amour pour la créature coupable.
« Mais l’homme n’eut pas plutôt désobéi que des anges turent envoyés pour lui interdire l’accès à l’arbre de vie. La lumière qui flamboyait autour d’eux avait l’apparence d’une épée étincelante. Aucun membre de la famille d’Adam n’a donc pu manger de ce fruit. Ainsi, il n’existe pas de pécheurs immortels. » (Ibid.) En réalité, l’épée resplendissante n’était rien d’autre que des rayons de lumière irradiant de la gloire divine. Ce n’était ni un instrument de châtiment ni une cause de peur, mais plutôt un nouveau mode de manifestation de la présence de Dieu, La chute avait rompu la communication personnelle avec le Créateur. Maintenant, la réalité de sa présence s’exprimait à travers la lumière, comme le fera plus tard la shekinah entre les chérubins du propitiatoire. L’être humain devrait désormais communiquer avec le Créateur « comme regardant l’invisible », en contemplant la gloire de sa lumière. Voilà pourquoi, durant bien longtemps, le lieu où se voyait l’épée flamboyante fut un lieu d’adoration pour les enfants de Dieu : « C’est à la porte de ce jardin, porte gardée par les deux chérubins auréolés de gloire, que se rassemblaient les adorateurs. C’est là qu’ils dressaient leurs autels et présentaient leurs offrandes. C’est là aussi que Caïn et Abel avaient offert leurs sacrifices, et que Dieu leur avait fait l’honneur de converser avec eux. » (Patriarches et prophètes, p. 61)
Et cette question « Où est ton frère ? » semble logique quand on considère leur relation avec Dieu lors de leur sacrifice. « L ‘Eternel dit à Caïn : Où est ton frère Abel ? Il répondit. Je ne sais pas : suis-je le gardien de mon frère ? » (Genèse 4.9)
Un jour, un professeur de religion de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Valence était en train d’expliquer l’épisode de Caïn et Abel comme un mythe rapportant les lattes entre chasseurs et agriculteurs de la préhistoire. Caïn et Abel y étaient des éponymes, c’est-à-dire des figures qui donnaient leur nom à deux peuples. Je ne pus me retenir devant cette interprétation mythique du récit et le cours terminé, je m’approchai de la chaire du professeur et partageai avec lui quelques remarques relatives à l’inspiration et à la valeur spirituelle des personnages. Le professeur, surpris, s’engagea à expliquer le concept de l’inspiration des Écritures lors du prochain cours. À mon grand étonnement, quand il le fit, il contredit tout ce qu’il avait enseigné auparavant !
Le récit de Caïn et Abel a une valeur prototypique particulière. Il contient des faits, paroles et attitudes porteurs d’un sens inaugural : la religion, le culte, les sacrifices, l’envie, la violence, le manque de solidarité, la mort. Or, le Nouveau Testament, et en particulier Jésus lui-même, situent Caïn et Abel dans un contexte historique de personnages réels, ayant vraiment vécu, dont les actes représentent un modèle de comportement dont nous devons tenir compte.
Après le dramatique assassinat de son frère Abel, Caïn fut interpelé par le Créateur : « Où est ton frère Abel ? » Le Seigneur lui pose la question de manière à l’inciter à la réflexion, à ce qu’il intériorise et évalue ce qu’il a fait, afin qu’il confesse avec douleur son crime et se repente. Mais la réponse « Je ne sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ? », prononcée aux origines de l’histoire, ouvrit la brèche qui partagea l’humanité en deux groupes opposés : les caïnites et leurs victimes, les oppresseurs et les opprimés, les vainqueurs et les vaincus, les non solidaires indifférents et les collaborateurs solidaires.
La question du Créateur n’a pas cessé de se faire entendre au cours de l’histoire de l’humanité. Elle résonne encore aujourd’hui dans les nouvelles quotidiennes : « Où est ton frère Abel ? » Ici, Dieu n’intervient plus comme un père à la recherche de son fils égaré mais comme un juge qui exige de la responsabilité. Dieu contrôle le monde. Il y réclame protection, sympathie des uns pour les autres. Et bien que le Père céleste offre des remèdes à la dramatique manifestation du caïnisme, il attend que ceux-ci proviennent des réponses engagées et chaleureuses des hommes, sans passer outre, sans humiliantes et mesquines aumônes, sans échappatoires ni reports.
En conclusion,
Que nous révèlent les trois volets de cette réponse sur le « Où es-tu ? » ? Qu’il est temps de me demander aujourd’hui où en est ma vie spirituelle et ce que je suis en train de faire pour être un meilleur chrétien. La question de l’Éden continue à résonner dans le cœur humain pour que vous n’oubliiez pas qu’il y a un Dieu dans les cieux.
Ainsi ces peaux typifiaient aussi la mort vicaire de l’Agneau de Dieu, le manteau de justice par lequel Christ remplace les vils vêtements de l’homme pécheur, et les vêtements blancs, propres, de gala, avec lesquels nous entrerons aux noces de l’Agneau.
En faite la mort de Christ sur la croix correspond au moment où le second Adam blessa le serpent à la tête. Voilà comment la croix garantit la victoire éternelle du bien sur le mal et condamna le péché à l’anéantissement. Souvenez-vous que, même si Satan peut vous rendre la vie dure lors de votre passage dans ce monde, Jésus-Christ le vaincra. C’est garanti. Ayez confiance en Dieu. Oui, il y a un Dieu dans les cieux qui nous lave du péché.
Enfin voilà pourquoi, durant bien longtemps, le lieu où se voyait l’épée flamboyante fut un lieu d’adoration pour les enfants de Dieu : « C’est à la porte de ce jardin, porte gardée par les deux chérubins auréolés de gloire, que se rassemblaient les adorateurs. C’est là qu’ils dressaient leurs autels et présentaient leurs offrandes. C’est là aussi que Caïn et Abel avaient offert leurs sacrifices, et que Dieu leur avait fait l’honneur de converser avec eux. »
La question du Créateur n’a pas cessé de se faire entendre au cours de l’histoire de l’humanité. Elle résonne encore aujourd’hui dans les nouvelles quotidiennes : « Où est ton frère ? » Ici, Dieu n’intervient plus comme un père à la recherche de son fils égaré mais comme un juge qui exige de la responsabilité. Ne restez pas indifférent à la souffrance de vos semblables. Demandez aujourd’hui au Seigneur qu’il vous aide à vous souvenir que nous sommes le gardien de notre frère.
Extrait du Livre Méditation Quotidienne
Dans Les Cieux….