INTRODUCTION
Corinthe, capitale de l’Achaïe, était une ville faite pour briller à une époque de décadence. Son beau climat, sa richesse, l’affluence extraordinaire des étrangers dans ses murs, tout contribuait à y amollir les mœurs. L’Epitre de Paul aux Corinthiens est l’une des épitres les plus importantes du groupe sotériologique. C’est comme le disait Findlay, « l’Epitre de la croix dans son application sociale ». Le danger qui, à Corinthe menaçait plusieurs membres du troupeau, est précisément la grande tentation de nos jours ; une véritable idolâtrie de la sagesse humaine préférée à la vérité éternelle de Dieu, le relâchement des principes moraux, la sensualité, une fausse spiritualité dans laquelle s’évapore le puissant réalisme de la Bible, la prédominance d’un subjectivisme qui franchit toutes les limites imposées d’en haut à l’intelligence et à la liberté humaines : ne sont-ce pas là les principales maladies de notre temps ? Les travers contre lesquels lutte l’apôtre Paul sont les mêmes que ceux de notre époque, en particulier, comme le dit Fréderic Godet : « la tendance à faire des vérités religieuses l’objet de l’étude intellectuelle plutôt que du travail de la conscience et de l’acceptation du cœur, la disposition, qui en résulte, à ne point placer toujours la conduite morale sous l’influence de la conviction religieuse, et à donner essor à celle-ci plutôt par le discours oratoire que par l’énergie de la sainteté, ce sont là des défauts que plus d’une nation moderne partage avec le peuple Grec. » Paul cherche dans les profondeurs de l’Evangile le principe permanent qui s’applique au phénomène passager, de telle sorte que pour juger les manifestations et les tendances analogues de nos jours, nous n’avons qu’à redescendre nous-mêmes de la règle pratique par laquelle il termine chacune de ses discussions jusqu’au principe évangélique où il l’a puisée, afin d’appliquer à notre tour ce principe au phénomène contemporain qui nous préoccupe.
Sur le plan moral et religieux, dans tout le monde antique, Corinthe avait mauvaise réputation et corinthiser (korinthiazestai), c’était mener une vie débauchée. Dans les pièces de théâtre, les corinthiens étaient généralement représentés comme des ivrognes. Selon certains auteurs, la prostitution sacrée avait lieu lors des grandes fêtes organiques d’Aphrodite. Les Juifs avaient leur Synagogue qui attirait un certain nombre de Grecs et de Romains dont Justus (Ac 18. 7). L’Eglise de Corinthe fut fondée par l’apôtre Paul lors de son deuxième voyage missionnaire, vers l’an 51. L’état spirituel de l’Eglise est resté très faible : ils sont encore des hommes charnels, des enfants en Christ. Il y a parmi eux de la jalousie et des disputes (3. 3), des coteries (3. 4) et de l’orgueil (4. 18), de l’idolâtrie (10. 14), des désordres dans le déroulement du culte (11. 2-16) et la célébration de la cène (11. 17-34), un attrait exagéré pour les dons spectaculaires (ch. 12 et 14) et des vues erronées sur la résurrection (ch.15). Le thème central et unique de l’Epitre est l’application de la doctrine de la croix à toute la vie individuelle et collective des chrétiens. Cela explique le blâme de tout ce qui peut être cause d’introduction dans l’Eglise de pratiques qui corrompent les enseignements de l’Evangile; et l’instruction, ou l’explication sur les points de croyance et de pratique sur lesquels les croyants ont besoin de clarification.
Au début de la révolution scientifique (au 17ème siècle), on a pensé que la science permettrait de mieux appréhender Dieu. Tous les premiers géants de la science (Descartes, Kepler, Galilée, Copernic, Newton) estimaient que leur travail ne faisait que révéler l’œuvre du Créateur. Kepler évoquant les prodiges de Dieu, écrivait : « je vole les objets en or des égyptiens pour construire un tabernacle pour mon Dieu […]. Je jette les dés et j’écris un livre. Qu’il soit lu aujourd’hui ou demain ne fait aucune différence, il peut bien attendre son lecteur cent(100) ans, si Dieu lui-même a attendu 6000 ans pour qu’on l’étudie. » Avec le temps cependant, la science s’est éloignée de la notion de Dieu, choisissant de travailler au sein d’un paradigme purement matérialiste et athée. C’est bien sur ce qui conduit à l’opposition entre la foi et la science dont nous entendons parler aujourd’hui. La science a certes des défis, mais elle nous donne des raisons de croire en la Bible. Dans ce contexte de conflit intellectuel avec la prédication de la croix que Paul nous entretient sur ce passage. Nous comprendrons donc que la foi et la raison humaine loin d’être incompatibles, sont convergentes.
Exposition de 1 Corinthiens 1. 17-31
I. La nature de la véritable prédication chrétienne : Versets 18-25
- Verset 17
Ce n’est pas pour baptiser
Paul dit clairement que ce n’est pas son affaire principale de baptiser, mais surtout de persuader les hommes à se soumettre au Sauveur. Il ne veut pas dire qu’il ne baptisera personne, mais il souhaite faire connaitre qu’il ne cherchait pas à se glorifier lui-même par un nombre élevé de baptêmes. Il donne ses arguments dans les versets 13-17, montrant son grand désir que l’agent humain dans l’œuvre du salut devrait être effacé pour voir les pécheurs repentants concentrés sur Jésus seul. Paul était averti du danger que couraient ceux qui étaient baptisés par les apôtres à réclamer la supériorité sur les autres convertis qui n’étaient pas ainsi favorisés et donc introduisant des partis dans l’Eglise. C’est ainsi que selon Alfred Kuen, on avait dans l’Eglise de Corinthe le parti d’Apollos, le parti de Céphas, le parti de Paul et celui de Christ. « Ce n’est pas pour baptiser » pourrait être selon l’idiome sémitique, « pas surtout pour baptiser comme » dans Matthieu 28. 19. Le mot « envoyé », en grec apesteilen, implique le sens « fait de moi un apôtre », apostolos. Paul nous fait comprendre que le caractère de sa prédication est d’annoncer l’Evangile. Paul déclara que son travail était de faire connaitre à tous les bonnes nouvelles du salut et les appeler à la repentance et à la foi en Jésus. Ceci devrait être le grand objectif de tous les ministres de l’évangile car la fonction première des apôtres était de « porter témoignage » (Marc 16. 15 ; Actes 1. 8).
La sagesse du langage : Les grecs ont des méthodes subtiles apprises de discussion et une éloquence bien polie de leurs orateurs. Paul ne cherche pas à émuler leur style philosophique de la rhétorique. Le succès de l’Evangile ne dépend pas de ces choses, et l’apôtre ne les a pas exhibés dans sa prédication. Son enseignement et sa manière de parler n’étaient pas comme pour louer les grecs sophistiqués. Ils ne regardaient pas sa prédication comme sage. Il était anxieux que la gloire de la croix du Christ ne soit pas obscurcie par la philosophie humaine et par un orateur élégant et ainsi la gloire rendue à l’homme plutôt qu’à Dieu. La prédication de la croix dépend pour son succès, non sur la puissance du raisonnement humain et le charme d’une argumentation bien solide, mais sur l’impact de sa simple vérité visée par la puissance du Saint-Esprit. « Sans la sagesse du langage » est donc un style philosophique et oratoire. La simplicité du style et l’enseignement des apôtres réveillent un sourire dédaigneux des philosophes tels que Celsius et Porphyre.
Ne soit pas rendue vaine : La croix du Christ est la doctrine centrale du Christianisme, la prédication d’un rédempteur crucifié. Et cette prédication ne doit pas être sans importance ou littéralement, « vidée » de son contenu essentiel (1 Corinthiens 9. 15 ; 2 Cor 9. 3 ; Phil 2. 7 ; Rom 4. 14). En effet, la croix ne doit pas être sans effet, ou rendue vaine de sa spéciale et indépendante puissance. Les mots « la croix du Christ » forment la fin emphatique d’une phrase en Grec.
2. Verset 18
Car la prédication de la croix : En grec, « logos », littéralement signifie « mot, ou parole ». Il y a peut être un contraste avec « sagesse des mots ». La prédication de la croix, c’est aussi la sagesse de la croix ; c’est le message du salut par la foi au Seigneur crucifié. Ce message apparait comme la hauteur de la folie aux passionnés de la philosophie grecque et aux juifs spirituellement ritualistes.
La folie montre le caractère héroïque delà foi de Saint Paul qui délibérément prêche la doctrine de la croix parce qu’il sent que cela peut amener le salut et la conversion du monde. Pour les juifs en effet, la croix était l’arbre de la honte et de l’horreur ; et une personne crucifiée était celle qui était maudite par Dieu (Deut 21. 23 ; Gal 3.13). Pour les grecs la croix était une infamie d’esclave et une condamnation d’un meurtrier. La pensée d’un Messie crucifié semblait aux juifs une folie révolutionnaire ; l’adoration d’un malfaiteur crucifié semblait pour les grecs, « une exécrable superstition » (Tacite, Annales 15. 44 ; Pline, Epp. 10. 97) ; encore, la petite popularité et le petit succès de Paul était la vraie doctrine qu’il mit devant tout, même dans la ville si magnifique, voluptueuse de Corinthe. Et le résultat a prouvé sa sagesse inspirée. Cette croix devient le badge reconnu du Christianisme.
Pour ceux qui périssent : Plutôt aux périssables, à ceux qui sont entrain de marcher dans des sentiers qui conduisent à la destruction (2 Cor 2. 15). Pour eux, c’est la folie, car elle requiert un discernement spirituel (1 Cor 2. 14) et d’autre part, la sagesse humaine est une folie pour Dieu (1 Cor 3. 19). Ceux qui périssent sont sur la voie de la perdition, parce que la seule chose qui a le pouvoir de les sauver, appelée la prédication de la croix, apparait comme la folie pour eux.
Pour nous qui sommes sauvés : littéralement, « ont été sauvés ». Paul ici, décrit le salut comme un acte présent. Les Ecritures représentent le salut comme un acte passé, présent et aussi un acte futur.
Puissance : Du Grec, « dunamis » (voir Luc 1. 35). A ceux qui, à cause de leur plus grand enthousiasme de croire à l’expression non-adultérine de l’Evangile, « ont été (sont) sauvés », le langage de la croix est la « puissance de Dieu ». Cette puissance est démontrée par la transformation du caractère qui accompagne l’acceptation des provisions de la grâce du pécheur. L’Evangile est plus qu’une déclaration de doctrines ou un compte rendu de ce que Jésus a fait pour l’humanité lorsqu’il mourut sur la croix ; c’est l’application de la toute-puissance de Dieu au cœur et à la vie du repentant, du pécheur croyant, faisant de lui une nouvelle créature (Rom 1. 16 ; 2 Cor 5. 17). D’après Fréderic Godet (93, p0285-286), « Le point d’appui qu’il trouvait dans les prophéties et dans la révélation de l’Ancien Testament lorsqu’il s’adressait aux Juifs lui manquait dans ce milieu essentiellement païen, et quant à l’éloquence de la parole et aux artifices ingénieux de la sagesse qui faisait la force des rhéteurs et des philosophes grecs, ces moyens n’étaient à son usage ; ils lui paraissaient incompatibles avec la nature même de la cause dont il désirait le triomphe. » Paul ne pouvait donc compter que sur la puissance intrinsèque de la Parole de Dieu.
3. Verset 19: Il est écrit:
Cette citation vient d’Esaïe 29. 14 et est plus en accord avec la LXX que la Bible hébraïque. Paul est entrain de donner une évidence scripturaire pour son observation dans 1 Cor 1. 18. Tous les efforts des hommes pour trouver une voie de salut à travers la philosophie humaine et l’athéisme seront rejetés par le Seigneur et ramener à zéro.
4. Verset 20 : Où est le sage :
Ce verset est plutôt une citation libre combinant les idées d’Esaïe 19. 12 ; 33. 18. Par le « sage », Paul avait particulièrement en esprit le Grec avec son amour pour la philosophie du monde ; par le « scribe », il pensait au juif avec son emphase sur l’autorité de la loi ; et par le « disputeur », il pensait tant au Grec qu’au Juif qui étaient pleins d’argumentations philosophiques. Ce verset s’ouvre sur la parfaite infaïbilité de toutes les formes de pensée humaine et de raisonnement comme un moyen pour accomplir le salut.
5. Verset 21
Dans la sagesse de Dieu : Bien que placés où il sont entourés de plusieurs évidences de la sagesse de Dieu dans les puissantes œuvres de la création, les merveilles du monde naturel, les gloires des étoiles célestes et la merveilleuse œuvre de providence de la part des hommes, les hommes n’ont pas appris à connaitre Dieu. Dans son amour pour l’humanité perdue, Dieu proclama les nouvelles glorieuses du salut par la foi en Christ. Cette nouvelle, qui pour les individus sages aux yeux du monde, était la seule sans moindre folie, devint pour ceux qui l’acceptent, l’agence choisie de Dieu pour la rédemption.
Le monde avec sa sagesse : En dépit de sa sagesse fanfaronnade et de ses réalisations, le monde n’est pas arrivé à la connaissance du Vrai Dieu. En effet, pendant de nombreuses années, la science en grande partie, a posé comme hypothèse de départ que toutes les formes d’existence, y compris la vie humaine, étaient le résultat du hasard. Nous étions une sorte de gros accident, rien d’autre. Il semble aujourd’hui que la science change de cap. On a inventé une nouvelle expression : « coïncidences anthropiques », du mot Grec, anthropos, qui signifie « homme ». La science révèle que de nombreux facteurs, dans l’univers s’harmonisent de façon si fine, que même un changement infime créerait un environnement impropre à la vie humaine. C’est presque comme si l’univers avait été créé en fonction de l‘humanité. Mais comme le pense Stephen Hawking (qui n’a rien d’un créationniste biblique), dans When Science meets religion,harpers Collins, New York, 2000, 28, « tant de tant de choses s’opposent à ce qu’un univers comme le notre puisse surgir de quelque chose comme le Big-bang. Je pense, dit-il, qu’il y a clairement en jeu des implications religieuses ».
Les Grecs étaient distingués pour la philosophie, mais toutes leurs recherches pour des choses étranges et nouvelles (Ac 17. 21) ne les ont pas conduits à la connaissance du « Dieu qui a fait le monde et tout ce qu’il renferme » (Ac 17. 24). Les Juifs aussi, se vantaient de leur sagesse supérieure, mais ils étaient malheureusement ignorants de la connaissance du essentielle du salut.
N’a pas connu Dieu : Cela veut dire qu’il n’est pas arrivé à la connaissance de Dieu. Paul parle ici de la sagesse du salut comme révélée dans l’Evangile.
Prédication : Du Grec, kerugma, « annonce », « proclamation », avec emphase sur le message prêché, mais différent de keruxis, « l’acte de la prédication ». La « folie de la prédication » est l’annonce de l’Evangile du salut par la foi en Jésus crucifié, qui pour le Grec et l’incroyant juif, parait comme une pure folie.
6. Verset 22
Les juifs : Littéralement c’est « juifs » sans article. L’absence de l’article en Grec attire l’attention sur les caractéristiques du nom ainsi apparaissant plus qu’une identité. De même, les « Grecs » est littéralement « Grecs » sans article.
Un miracle : L’évidence textuelle atteste qu’on lise « les miracles » au lieu de « un miracle » au singulier. Pour les Juifs demandant un miracle ou un signe, nous pouvons nous référer à Matthieu 12 .38. C’était leur incessante demande à notre Seigneur, les miracles. A travers les Juifs et les Grecs, Paul désignait ainsi les classes proéminentes de son époque. Les juifs cherchaient des démonstrations physiques extérieures en termes de merveilles, de miracles et des évènements merveilleusement surnaturels. De nos jours également les hommes veulent que la foi en Dieu soit beaucoup plus pratique que théorique, dans un monde matérialiste. Si je crois en Dieu, est-ce que je prospererai, est-ce j’aurai du travail, un conjoint, des enfants, etc. Telles sont des questions que l’on se pose très souvent. On veut savoir si notre commerce prospérera ou si notre maladie que l’on traine depuis des années trouvera enfin solution. Si donc Dieu ne peut rien faire pour nous pourquoi continuer à croire en Lui.
Les Grecs : Pendant des siècles, cette race a été distinguée par leurs réalisations intellectuelles et par leur dépendance de la raison humaine. Ils croyaient que l’intellect humain était capable de pénétrer à l’intérieur pour comprendre toute chose. Ils oubliaient que l’être fini ne peut en aucun cas sonder les profondeurs de l’Etre Infini si Celui-ci ne se révèle à lui.
7. Verset 23
Christ crucifié scandale : Du Grec, skandolon, qui veut dire « la gâchette d’un piège », ou « un appât posé sur un piège », placé pour qu’un animal puisse venir vers le piège et être attrapé. Dans le sens métaphorique, skandolon, signifie ce qui cause le péché, l’erreur ou l’offense. Les deux versets traduits en Syriaque, fournissent un jeu marqué sur les mots (miscol, scandale ; mashcal, folie ; seed, croix), et certains ont vu en ceci un signe que Saint Paul a pensé dans la Syriaque. Pour la nation d’Israël qui s’accroche à l’expectation d’un Messie qui devait les diriger comme un roi terrestre et faire d’eux le suprême royaume dans le monde, le message d’un Sauveur crucifié était une offense. L’Evangile était directement contraire à leur conception du Messie, et était par conséquent rejeté par eux à leur ruine (Gal 5. 11).
L’attitude des juifs à l’idée qu’un crucifié pourrait être le Messie est illustrée dans le Dialogue de Justin Martyr avec Trypho, dans lequel, Trypho dit : « Mais celui appelé Christ des vôtres, était déshonorable et sans gloire si bien que beaucoup de malédictions contenues dans la loi de Dieu sont tombées sur lui, car il fut crucifié » (32 ; ANF, Vol 1, p.210)
Pour les juifs : A ceux qui étaient reliés à la philosophie, la logique, la science et aux découvertes intellectuelles, l’idée que celui qui était mis à mort par la forme la plus humiliante de punition par les romains, pourrait les sauver était insensée et abrupte. La difficulté que l’esprit philosophique expérimente dans l’acceptation d’un homme crucifié comme le Fils de Dieu, est reflétée par le passage suivant de Justin Martyr : « Car avec quelle raison pourrions-nous croire à un homme crucifié qui est le premier né du Dieu non engendré, et lui-même passera en jugement toute la race humaine, à moins que nous ayons trouvé des témoignages le concernant, publiés avant qu’il ne vint et qui était né comme un homme, et à moins que nous voyions ces choses arriver exactement » (The first Apology 53 ; ANF, vol.1. p.180)
8. Verset 24
Appelés : l’invitation n’est pas seulement donnée, elle a été aussi acceptée. Dieu a justifié ceux qu’Il a appelés (Ro 8. 28, 30).
Tant Juifs que Grecs : Le salut est pour quiconque croit tant Juif que Grec (Rom 1. 16). Tous les vrais chrétiens sans tenir compte de la nationalité ou des opportunités culturelles, et des privilèges, reconnaissent Jésus comme le Seul à travers lequel la puissance de Dieu est exercée pour leur salut. Ils voient que le plan de Dieu pour la rédemption de l’homme est sage, qu’il renverse toutes les barrières et apporte des hommes de toute catégorie et formés ensemble dans une grande communauté d’amour fraternel.
9. Verset 25
La folie de Dieu : Le moyen que Dieu a conçu pour le salut de l’homme apparait comme folie et faiblesse pour ceux qui sont aveuglés par la philosophie humaine. Le langage est rhétorique. Il n’y a en réalité aucune folie ou faiblesse en Dieu, mais ce qui le concerne avec la race humaine semble être le cœur irrégénéré de l’homme, ce qui est complètement folie.
La faiblesse de Dieu : c’est ce qui apparait comme force pour l’homme. Dieu regarde l’homme comme fou et faible à cause de la présomption d’arrogance qui l’amène à se voir comme la mesure de toute chose. Mais Dieu accomplit de fins merveilleuses pour toute personne humble. La leçon était spécialement utile pour les Corinthiens, que Cicéron décrit (De Leg. Age, 2 :32) , comme « célèbres, non pas seulement pour leur luxe, mais aussi pour leur richesse et culture philosophique ».
II. La méthode de Dieu dans la propagation de l’Evangile : Verset 26-31
- Verset 26
Ni beaucoup de sages : L’Evangile n’a jamais achevé son plus grand succès parmi les classes humbles. Dans l’établissement de son Eglise, Dieu n’a pas pris conseil auprès de la sagesse, de la richesse, ou de la puissance de ce monde. IL cherche à gagner toutes les classes, mais ce qui est appelée sagesse de ce monde, conduit les gens souvent à s’exalter eux-mêmes, à être orgueilleux, au lieu d’être humbles devant Dieu. D’où la proportion de riches de ce monde et de ceux qui sont vus comme des leaders de pensée populaire, qui acceptent le simple Evangile de Jésus-Christ, est petite. Saint Augustin dit que « Dieu a attrapé les orateurs par les pêcheurs et non les pêcheurs par les orateurs ».
Qui avez été appelés : Ces mots ont été réservés et s’ils sont retenus, ils devraient être compris dans le sens d’un « effectivement appelé ». Il peut être mieux de comprendre le passage comme « il n’y a pas beaucoup de sages parmi vous ». Il s’agit de la nature de l’appel divin. Le principe que Dieu a suivi dans votre appel (Eph 4. 1). Les quelques illustres convertis mentionnés dans le Nouveau Testament sont Joseph d’Arimathée, Nicodème, Sergio Paulo, Dionycus l’aréopagite. Le Christianisme est venu racheter et élever, non pas peu de gens, mais le grand nombre, et ce grand nombre doit être composé de faibles et d’humbles. Jésus appela les pêcheurs comme ses apôtres et était connu comme « l’Ami des publicains et des pécheurs. » (John 7:48).
2. Verset 27
Les choses folles : l’esprit qui est plein des connaissances de ce monde est souvent confus par la simple déclaration de la vérité évangélique par celui qui a été sous l’instruction du Saint-Esprit de Dieu, mais qui pourrait ne pas avoir reçu beaucoup d’éducation dans les écoles du monde. Les Juifs étaient par la sagesse de Jésus et demandèrent : « Comment connait-il les Ecritures lui qui n’a point étudié ? » (Jean 7. 15). Ils ne peuvent pas comprendre comment quelqu’un qui n’a pas été dans les écoles des rabbins peut apprécier la vérité spirituelle. LA même situation demeure aujourd’hui. La valeur attachée à l’enseignement de l’homme est souvent calculée simplement par le cout de la formation qu’il vient de recevoir. La véritable éducation est celle qui fait de la Parole de Dieu le centre et toute-importante. Ellen Gould White dit avec raison que la véritable éducation et la rédemption sont une et même chose. Celui qui a reçu cette forme d’éducation sera humble, docile et entièrement soumis à la direction du Saint-Esprit (Matt 11. 25). « A mesure que vous apprendrez la douceur et l’humilité du Christ, vous saurez mieux ce que vous devez dire aux gens, car le Saint-Esprit vous inspirera. » EGW, Témoignages pour l’Eglise, Vol. 2, p.635.
Les choses faibles : ce sont celles que le monde considère comme faibles. « Par la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle, tu as fondé ta gloire pour confondre tes adversaires, pour imposer silence à l’ennemi et au vindicatif » (Ps 8:3); « Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres aux yeux du monde pour qu’ils soient riches en foi ? (Jq 2:5).
3. Verset 28
Choses viles : Du Grec, agenes, littéralement, « sans famille », d’où utilisé pour décrire un homme sans nom et sans réputation. Ici, agenes, signifie ceux dont on ne tient pas compte parmi les hommes. Paul est entrain de mettre une emphase sur le fait que Dieu ne tient pas compte de l’homme pour l’accomplissement de son objectif dans la rédemption de l’homme. Des instruments humbles et entièrement soumis ont été utilisés par le Seigneur pour montrer comment viles et impotents sont ceux qui mettent leur confiance au rang, à la puissance et à l’apprentissage mondains.
Choses qui ne sont point : celles que le monde considère comme inexistantes ou sans importance.
4. Verset 29 :
Nulle chair ne se glorifie : Il s’agit d’aucun homme, d’aucun humain (Marc 13. 20 ; Luc 3. 6). Paul maintenant résume l’argument des versets 18-28 en établissant qu’aucune classe d’homme, riche ou pauvre, haute ou basse, éduquée ou ignorante, n’a aucune place pour se vanter devant Dieu. Le temps du verbe en Grec, « ne se glorifie pas », indique qu’il ne peut se faire aucune vantardise. En contemplant la victoire de la croix, le monde pourrait seulement s’exclamer, « C’est l’œuvre du Seigneur et c’est merveilleux à nos yeux ! »
5. Verset 30
Par lui : c’est-à-dire de Dieu, pour signifier que notre vie, notre être est en Dieu (Actes 17. 25,28). C’est aussi de Dieu que vient notre sagesse, il en est la source car tout don excellent vient de Lui. La crainte de l’Eternel serait donc le commencement de la sagesse humaine. La vraie sagesse, c’est celle qui met Dieu avant toute chose et qui reconnait Dieu comme le Créateur de l’univers.
En Jésus-Christ : C’est l’union avec Christ qui rend les chrétiens forts et sages. Ils ne peuvent atteindre une position élevée, la richesse, l’honneur ou le pouvoir par eux-mêmes. Dieu à travers Jésus pourvoit à toutes choses sans exception. Même si les hommes ne reconnaissent pas le fait, néanmoins toutes les choses de la vie dont ils possèdent sont rendues disponibles par l’agence de Christ. Toute chose nécessaire pour sauver les hommes de la dégradation dans laquelle, ils ont sombrés comme le résultat du péché, est trouvé en Jésus, qui est la « plénitude de la hiérarchie divine » (Col 2. 9). C’est à travers donc Jésus que nous devenons sages, justes, saints et rachetés.
Justice : Par la foi, la justice du Christ est imputée et impartie au croyant repentant (Rom 1. 17). Il est notre justice étant donné qu’Il nous a justifiés auprès de son Père.
Sanctification : Du Grec, hagiasmos, (Rom 6. 19). C’est le processus par lequel le chrétien tend vers la stature du Christ, de perfection en perfection afin d’être parfait comme Dieu le Père. C’est une grâce que nous recevons de Dieu.
Rédemption : Du Grec, apolutrosis, (Rom 3. 24). Christ est notre Rédempteur, celui nous a rachetés par son sang versé sur la croix du calvaire à Golgotha, nous accordant ainsi gratuitement le salut par la seule foi en Lui. C’est pour nous les hommes, notre délivrance de l’ignominie, le payement de notre dette insolvable (Tit 2:14; 1 Pierre 1. 18 ; Matt 20. 28)
6. Verset 31
Se glorifier dans le Seigneur : Comme dans Jer 9. 23,24, il n’y a aucune cause pour l’exaltation ou pour la vantardise dans tout accomplissement humain. La seule chose en laquelle l’homme peut trouver un terrain de justification pour la glorification qui est le fait qu’il connait le Seigneur Jésus-Christ comme son Sauveur personnel.
CONCLUSION
La foi et la raison sont compatibles et tout homme qui se disant rationnel et qui n’intègre pas Dieu dans sa vie, n’est rien d’autre qu’un fou. Et il n’y a point de sagesse en lui, car la vraie sagesse vient de Dieu, et veut qu’on le reconnaisse comme auteur de toute chose. Dieu est à la base de tout. Toute vraie sagesse ou science, est en harmonie avec ses œuvres ; toute éducation véritable produit l’obéissance à son gouvernement. La science présente à nos yeux de nouvelles merveilles, elle escalade les cieux, elle explore des profondeurs inconnues ; mais de ses investigations elle ne ramène rien qui soit en contradiction avec la révélation divine. « L’ignorance recherchera peut-être à étayer de fausses visions de Dieu en faisant appel à la science, pourtant, « le livre de la nature et la Parole écrite s’éclaire mutuellement, et nous poussent à adorer le Créateur et à placer une confiance intelligente en sa Parole. » (EGW, Patriarches et Prophètes : la semaine primitive, p. 92)
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BIBLIOGRAPHIE
- Francis D. Nichol, The Seventh-day Adventist Bible Commentary, vol.6, Hagerstown, Review and Herald Publishing Association, 1980.
- Alfred Kuen, Introduction au Nouveau Testament: Les Lettres de Paul, Suisse, Editions Emmaüs, 1982.
- Edmond De Pressensé, Histoire des trois Premiers Siècles de l’Eglise Chrétienne, vol. 2. Paris, Librairie de Ch. Meyrueis Et Cie, Editeurs, 1858.
- Ellen Gould White, Patriarches et Prophètes, Dammarie Les-Lys, Editions Vie et Santé.
- The Ages Software Digital Library, The Pulpit Commentary.
- La Bible Louis Segond, Guadeloupe, Alliance Biblique Universelle, 2005.