Révérer : Honorer, traiter avec grand respect.
Adorer: C’est notre réponse à l’amour de Dieu.
Pourquoi devons-nous traiter Dieu avec révérence ? Quel est le rôle de croix à cet égard ? La crainte et la révérence sont-elles synonymes ? Quel est le rapport entre l’obéissance et la révérence ?
Historiens et spécialistes attribuent souvent des noms aux différents âges de l’homme ou de l’histoire : l’âge de la raison, la génération perdue, l’ère moderne, l’ère post moderne, etc. De telles désignations ne sont pas très exactes, parce qu’elles ne décrivent qu’une partie du tout, elles ne donnent que rarement une idée de l’ensemble.
Si, quoi qu’il en soit, nous voulions mettre une étiquette sur notre époque, une expression la définirait, sinon parfaitement, du moins en partie : l’âge de l’irrévérence.
De nos jours, rien n’est sacrée. Pratiquement plus rien n’est tabou dans les livres et les revues, à la télévision, à la radio ou sur les panneaux publicitaires et l’internet. La religion, le sexe, la foi, la famille, tout est sujet à moquerie, satire, taquinerie et distorsion. Récemment, les déviations sexuelles de certains évêques pédophiles étaient l’objet d’analyse et de commentaires des médias en termes d’indignation. Oui plus rien n’est donc sacré ?
Heureusement que certains savent encore ce qu’est la révérence. Pour les disciples de Jésus, la révérence devrait être l’une des premières expressions de leur foi.
Le cri du prophète Esaïe, le prophète de la sainteté de Dieu
Es 6. 5 : « Alors je dis: Malheur à moi! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées. »
Le problème majeur, notamment dans le monde actuel, c’est que les gens ne sont pas conscients de leur impureté ni de leur péché. La raison en est qu’ils se comparent aux autres ou au monde autour d’eux. On trouve toujours pire que soi. Après tout, il est difficile d’apercevoir la saleté dans l’obscurité. Cet aveuglement disparait, cependant, quand on fait la comparaison avec la justice et la sainteté de Dieu. Au contraire, comme le montre l’exemple d’Esaïe, quiconque entre en contact avec Dieu de cette manière, ne peut que ressortir conscient de sa condition de pécheur. C’est peut-être ce dont le monde a besoin : un aperçu de la sainteté de Dieu. Parce qu’alors, non seulement les hommes réaliseront leur état réel, mais ils chercheront un remède. Dieu se révèle à nous pour nous rendre humbles, pas pour nous humilier. La différence est sensible. Lorsque nous devenons humbles, nous ressentons notre manque et cherchons à le combler ; nous nous sentons impuissants, mais pas sans espérance. La révélation de la sainteté de Dieu ne brise jamais, elle apporte la guérison.
La révérence et la croix
Héb 2. 9 : « Mais celui qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d’honneur à cause de la mort qu’il a soufferte, afin que, par la grâce de Dieu, il souffrît la mort pour tous. »
C’est certain, nous révérons Dieu parce qu’Il est le créateur et nous ses créatures (Ps 100. 3), parce qu’Il est un feu dévorant (Deut 4. 24), parce qu’Il est compatissant (Deut 4. 31), redoutable (Deut 7. 21), puissant (Ps 29. 4) et parce que rien ne lui est impossible (Luc 1. 37)
Quand on contemple la croix et qu’on réalise que Dieu, le Créateur, a été pendu là, mourant pour sauver sa propre création, comment ne pas éprouver un sentiment de révérence et de crainte perpétuelle ?
Etant donné sa personne, sa qualité de créateur, Il mérite notre crainte et notre révérence. Même s’il n’était pas mort pour nous, rien que son statut élevé en comparaison du nôtre l’en aurait rendu digne. Mais quand on y ajoute la croix, quand on y ajoute ce qui y a été accompli – la possibilité d’être pardonné de nos péchés – notre respect, notre révérence et notre amour ne peuvent que grandir.
Le nom du Seigneur
Pour les juifs orthodoxes, le nom du Seigneur est tellement sacré que la prononciation est un blasphème. Aujourd’hui, ils disent Hashem, qui signifie simplement en hébreu : le nom. Quoiqu’il en soit, il est clair que le nom du Seigneur est considéré comme quelque chose d’important, de sacré, de puissant. Nom qu’il en émane quelque pouvoir magique, mais ce qu’il représente évoque la crainte respectueuse et la révérence qui, d’après la Bible, lui sont dûs.
Aux temps bibliques, le nom était souvent étroitement associé à ce qu’il désignait beaucoup plus qu’aujourd’hui. Voyez, par exemple, Rom 10. 13 « Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. » Le salut n’était pas lié au nom lui-même, mais à celui qu’il représente, Jésus. Voyez Ps 20. 8 « Ceux-ci s’appuient sur leurs chars, ceux-là sur leurs chevaux; Nous, nous invoquons le nom de l’Éternel, notre Dieu. ». La délivrance ne vient pas du nom de Dieu lui-même (comme si le son des voyelles et des consonnes exerçaient une puissance), mais du Dieu qui est nommé ici.
En tout cas, et c’est là un point essentiel : dans la Bible, Dieu est si étroitement associé à ces noms qu’ils sont souvent utilisés d’une manière qui lui est indissociable. C’est surement la raison pour laquelle la Bible indique clairement pourquoi nous devons le nommer avec révérence. Profaner son nom équivaut indirectement à profaner Dieu. D’où le troisième commandement « Tu ne prendras point le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain; car l’Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain. » Ex 20.
La crainte de Dieu
« Il disait d’une voix forte: Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d’eaux. » Ap 14. 7. Plusieurs fois dans l’Ancien Testament, le mot traduit par « révérence » (Lev 19. 30 ; Ps 89. 7) est un mot couramment traduit par « peur ».
La notion de « peur » à l’égard de Dieu ne correspond pas à la peur qu’on éprouverait pour un serpent venimeux mais à une crainte respectueuse pour sa personne en comparaison de ce que nous sommes. Révérer Dieu, le craindre, revient simplement à reconnaitre notre place par rapport à lui, nous qui sommes déchus. C’est simplement reconnaitre la relation de créateur à créature telle qu’elle devrait être. C’est comprendre combien Il est grand, puissant et saint par rapport à notre petitesse, notre vulnérabilité et notre absence de sainteté. Ce sentiment de révérence, bien sûr, devient encore plus profond quand nous comprenons également qu’Il est notre rédempteur.
« La véritable révérence envers Dieu est inspirée par le sentiment de son infinie grandeur et la conscience de sa présence. Notre cœur devrait en être profondément pénétré. L’heure et le lieu de prière sont sacrés parce que nous sommes en présence de Dieu. Lorsque nous manifestons de la révérence dans notre attitude et notre maintien, le sentiment qui inspire cette révérence gagne en profondeur. ‘Son nom est saint et redoutable’ (Ps 111. 9), déclare le psalmiste. Lorsque les anges prononcent ce nom, ils se voilent la face. Avec quelle révérence ne devrions-nous donc pas, nous pécheurs, articuler ce nom! » EGW, Prophètes et Rois, « Le temple et sa dédicace », 31-32.
La révérence et l’obéissance
« Ecoutons bien la conclusion de tout ce discours : sois rempli de respect pour Dieu et obéis à ses commandements, car c’est l’essentiel pour l’homme. » (Ec 12. 13, Bible du Semeur). Nous désirerons être tels qu’il souhaite que son peuple soit et nous aurons « une conduite sainte et marquée par l’attachement à Dieu, en attendant le jour de Dieu et en faisant tous nos efforts pour qu’il puisse venir bientôt. » (2 Pierre 3. 11-12 BFC). Nous attendrons « selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera » Et nous nous efforcerons « d’être trouvés par lui sans tache et sans défaut dans la paix » (2 Pierre 3. 13-14). Tout ceci, bien sûr, implique que nous soyons obéissants. Il ne fait pas de doute que si nous aimons Dieu, nous éprouverons pour lui de la révérence, ce qui implique davantage que seulement le louer ou nous prosterner lorsque nous prions. On ne peut véritablement révérer Dieu sans lui obéir.
« Un profond sentiment de révérence doit caractériser tout ce qui entrent en la présence du Très-Haut. Au nom de Jésus, nous pouvons nous approcher du Seigneur avec assurance, mais sans hardiesse présomptueuse, et non comme si nous étions à son niveau. Il est des gens qui parlent au Dieu Grand, Saint et Redoutable ‘qui habite une lumière inaccessible’, comme s’il s’adressait à un égal ou à un inférieur. D’autres se comportent dans sa maison comme ils n’oseraient pas le faire dans la salle d’audience d’un prince terrestre. Ils devraient se dire qu’ils sont en présence de celui que les séraphins adorent et devant lequel les anges se voilent la face. Tous ceux qui sont véritablement conscients de la présence de Dieu, s’approchent de lui avec une sainte révérence, en se prosternant humblement devant lui. Semblable à Jacob contemplant la vision de Bethel, ils s’écrient : ‘combien ce lieu est redoutable! C’est bien ici la maison de Dieu ; c’est ici la porte des cieux!’. » EGW, Patriarches et Prophètes, « Moïse », 228
« La vraie révérence envers Dieu vient du sentiment de son infinie grandeur et de la conscience de sa présence. Ce sentiment de l’Invisible doit laisser une empreinte profonde dans le cœur de chaque enfant. » EGW, Child Guidance, 538.
Quelques exemples de révérence envers Dieu
Matthieu 21. 12-13 : « Et Jésus entra dans le temple de Dieu, et il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple, et il renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient des pigeons. Et il leur dit: Il est écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière; mais vous en faites une caverne de voleurs. »
Respect envers Dieu et les choses sacrées :
Josué 5. 15 : « Et le chef de l’armée de l’Éternel dit à Josué: Ote tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est saint. Et Josué fit ainsi. » Ps 4. 5 : « Tremblez, et ne péchez point; Parlez en vos cœurs sur votre couche, puis taisez-vous. -Pause. »
Respect envers le sanctuaire :
Lévitique 19. 30 : « Vous observerez mes sabbats, et vous révérerez mon sanctuaire. Je suis l’Éternel. »
Ecclésiaste 4. 17-5. 1 : « Prends garde à ton pied, lorsque tu entres dans la maison de Dieu; approche-toi pour écouter, plutôt que pour offrir le sacrifice des insensés, car ils ne savent pas qu’ils font mal. Ne te presse pas d’ouvrir la bouche, et que ton cœur ne se hâte pas d’exprimer une parole devant Dieu; car Dieu est au ciel, et toi sur la terre: que tes paroles soient donc peu nombreuses. »
Jean 2. 14-17 : « Il trouva dans le temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de pigeons, et les changeurs assis. Ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, ainsi que les brebis et les bœufs; il dispersa la monnaie des changeurs, et renversa les tables; et il dit aux vendeurs de pigeons: Otez cela d’ici, ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. Ses disciples se souvinrent qu’il est écrit: Le zèle de ta maison me dévore. »
Respect envers les hommes de Dieu :
Exode 33. 8 : « Lorsque Moïse se rendait à la tente, tout le peuple se levait; chacun se tenait à l’entrée de sa tente, et suivait des yeux Moïse, jusqu’à ce qu’il fût entré dans la tente. »
Actes 28. 10 : « On nous rendit de grands honneurs, et, à notre départ, on nous fournit les choses dont nous avions besoin. »
1 Thés 5. 12-13 : « Nous vous prions, frères, d’avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur, et qui vous exhortent. Ayez pour eux beaucoup d’affection, à cause de leur œuvre. Soyez en paix entre vous. »
Respect envers Christ :
Jean 9. 38 : «Et il dit: Je crois, Seigneur. Et il se prosterna devant lui. »
Mat 20. 20 : « Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils, et se prosterna, pour lui faire une demande. »
Respect envers la Parole de Dieu :
Deut 4. 2 : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris. »
Apo 22. 19 : « Et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l’arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre. »
La révérence et le caractère saint de Dieu
La sainteté est l’attribut qui occupe le premier rang dans tous les attributs de Dieu. Elle dénote la perfection de Dieu dans tout ce qu’il est. Parce que Dieu est Saint (Esaïe 6.3), nous devrions nous approcher de Dieu « avec piété et avec crainte. L’humiliation, la contrition et la confession découlent d’une conception biblique de la sainteté de Dieu[1]. »
La sainteté de Dieu change notre attitude quand nous sommes en sa présence en une attitude de calme, de crainte et surtout de révérence. Le bavardage, les murmures et le rire ne devraient pas être admis dans l’Eglise, que ce soit avant ou après le service. Une piété fervente et active devrait caractériser les fidèles. Ainsi animés d’une véritable révérence, pour le Seigneur, les fidèles se souviendront qu’ils sont en présence de Dieu, et dans ce silence il y aura une mélodieuse éloquence. Les chuchotements, le rire et le bavardage, qui ne constitueraient pas une offense dans un lieu quelconque, ne devraient pas être tolérés dans la maison où Dieu est adoré[2]. »
D’après Habacuc 2. 20 « L’Eternel est dans son Saint Temple. Que toute la terre fasse silence devant lui ! », qui est un impératif, un silence respectueux doit régner là où l’on vient pour adorer Dieu. Seules des prières, des hymnes de louange et des actions de grâce devraient y être entendues.
Il va donc sans dire que si nous faisons fi de cette recommandation, nous perdons le sens du sacré et l’Eglise devient un lieu profane où l’on peut se livrer à des conservations profanes, voire frivoles, un lieu de théâtre et parfois un dancing et un marché où l’on fait des vas-et-viens sans cesse. On sort n’importe comment et les enfants innocents, laissés à eux-mêmes, crient de façon intempestive. Dieu n’est pas content de cette attitude de notre part.
Notre Dieu est un Dieu d’ordre et de bienséance, un Dieu Saint. Entrons en sa présence avec respect et révérence afin de ressortir avec les mains pleines de bénédictions.
Rick Warren, parlant de l’adoration, stipule que les vrais adorateurs adorent Dieu en esprit et en vérité (Jean 4. 23), et adorer en vérité, c’est adorer Dieu comme il est révélé dans la Bible. La véritable adoration se produit lorsque notre esprit répond à celui de Dieu et non lorsque nous vibrons en entendant de la musique. Au contraire, certains cantiques sentimentaux, émotionnels et introspectifs font obstacle à l’adoration, parce qu’ils détournent l’attention de Dieu pour la fixer sur nos sentiments[3].
Le meilleur style d’adoration est celui qui représente de façon la plus authentique notre amour pour Dieu, selon le milieu et la personnalité que le Seigneur vous a donnés. Les cantiques chantés machinalement, les prières mécaniques faites de clichés, les « Gloire à Dieu » et les « Amen » criés par habitude et parce que nous ne savons pas quoi dire d’autres ne sont pas agréables à l’Eternel. La véritable louange est enracinée dans la Parole de Dieu.
Que le Seigneur nous aide à mieux l’adorer dans la révérence !
Pasteur Ben Issouf OUEDRAOGO
[1] Henry C. Thiessen, Esquisse de Théologie Biblique, (Canada, Editions Farel-Bethel, 1995), 97,98
[2] Ellen Gould White, Témoignages pour l’Eglise, vol. 2, 230/31 cité par le Manuel d’Eglise des SDA, Ed 2000, 72/73
[3] Rick Warren, Une Vie, une Passion, une Destinée : Pourquoi suis-je sur la terre ? (Canada, Editions les Ministères Multilingues, 2003), 107/13