« La jeune mariée et le mari dans la scène de leur premier amour : l’amour de l’Eglise pour Christ. »
Ce poème, qui peut-être devrait plutôt être intitulé Chant des chants, car Dieu n’y est point invoqué ou loué, pas même à proprement parler désigné, est de tous les livres sacrés celui qui a été et qui est encore l’objet des interprétations les plus diverses.
Ct 8. 5-7 : La dépendance de l’Eglise sur Christ
V. 5 : – Les villageois « Qui est celle qui monte du désert appuyée sur son bien-aimée ? » : L’église juive est “sortie” du désert, portée par la Faveur et la Puissance divines. L’église chrétienne naquit dans d’humbles conditions, voire même, la désolation, conduite par la Grâce de Christ. Les croyants, par le pouvoir de cette Grâce, sont extirpés de ce “désert“. Un état coupable est un véritable lieu désertique, dépourvu de tout agrément; c’est un état d’égarement, de besoin permanent; il n’y a pas d’échappatoire à ce désert, sauf en nous appuyant par la foi, sur Christ, notre Bien-aimé, et non pas en nous basant sur notre propre raisonnement, ni en nous confiant en notre propre équité;
il nous faut chercher notre force en Celui qui est le Seigneur, notre Justice. Les paroles de ce texte, relatives à l’église de Christ, révèlent la place importante que tient cette dernière, dans son Amour, sa Protection et Sa Toute Puissance.
La Sulammith « je t’ai réveillée sous le pommier » : Ici commence l’acte final du drame qui en renferme le dénouement. Salomon a déposé les armes en face de la fière et inébranlable résistance de Sulammith, et il a renvoyé la jeune fille dans sa demeure. Elle paraît, réunie à son bien-aimé et s’appuyant sur son bras avec confiance, elle raconte comment elle l’a retrouvé : il dormait dans le jardin de sa mère, sous l’arbre sous lequel elle lui avait donné le jour. Plusieurs choses étonnent dans cette description : on ne met pas un enfant au monde dans un jardin, à l’ordinaire. Et, pourquoi répéter deux fois ce singulier détail : là où ta mère t’a enfanté avec douleur, là où a souffert celle qui t’a donné le jour ?
Le pommier, dans les mythologies orientales, par la beauté incomparable de sa floraison printanière, est l’image du paradis. Le Berger de Sulammith a été enfanté là, au moment où la Sagesse divine a promis le Messie venant comme représentant de Jéhovah, le réparateur de la chute. Cet enfantement a eu lieu dans un moment plein de douleur et d’angoisse. Dès lors, il s’est écoulé des siècles sans que, parût le réparateur promis. Il faut que Sulammith elle-même l’appelle et le réveille de ce long sommeil. Ce jour viendra, mais seulement après que toutes les luttes seront achevées, que toutes les tentations seront surmontées. Alors enfin Israël, en possession du Messie, célébrera sa finale et parfaite victoire, comme le fait ici Sulammith à la suite de son épreuve. La restauration du premier amour est souvent la prière du disciple.
V. 6 : On peut lire: “Mets-moi comme un sceau sur ton cœur”; On portait le cachet suspendu au cou par un cordon (Genèse 38.18). Ici, cela signifie que je puisse toujours avoir une place dans Ton cœur et bénéficier ainsi de Ton Amour! Permets moi de ne jamais perdre la chambre que j’ai dans ton cœur ; que rien ne presse le dessus ni ne me sépare de ton amour ; laisse moi être plus près de toi et t’être chère comme ce sceau sur ton bras, cette bague d’alliance. En ces termes, l’âme doit être rassurée, et sans cette assurance, nul repos ne peut se trouver.
Un sceau sur ton bras : On connaît bien l’usage de porter le cachet à l’un des doigts de la main droite (Jérémie 22.24 ; Genèse 41.42) ; mais nulle part il n’est parlé du cachet fixé au bras ; le bras désigne sans doute ici le poignet.
“L’amour est fort comme la mort” (8.6):par amour pour nous, Christ a passé par la mort de la croix. Notre amour pour lui peut nous permettre d’affronter la même mort pour lui rester fidèle. Son amour n’est pas possessif comme celui du monde, il est désintéressé, il ne demande rien pour lui, sinon un chant, c.-à-d. la louange et l’adoration. Et encore ce n’est pas pour lui qu’il le demande, c’est pour ses “amis” (8.13), c’est-à-dire pour les légions célestes auprès de qui nos louanges le glorifient. Cet amour ressemble à la mort à laquelle rien ne résiste.
L’amour est une violente et vigoureuse passion. Il est fort comme la mort.
La jalousie accompagne inévitablement un amour puissant. Elle est inflexible comme le séjour des morts. Inflexible parce qu’on ne reprend au sépulcre rien de ce qu’il s’est une fois approprié. Car celui qui aime ne sait pas partager et est prêt à tout sacrifice. Ceux qui aiment vraiment le Seigneur, doivent être jaloux de tout ce qui pourrait les éloigner de Sa Personne; ils sont particulièrement vigilants quant à eux-mêmes, craignant de commettre la moindre erreur, qui pourrait provoquer cet éloignement. Rom.8. 38 ; 1 Cor 15. 54. Une flamme de l’Eternel : C’est le seul passage du livre où Dieu soit nommé. Le vrai amour est unique et invincible, parce qu’il vient d’En haut.
Sulammith éclate en un chant de triomphe et célèbre l’indissolubilité du lien qui l’attache à son bien-aimé, le Berger céleste. Elle proclame la puissance du sentiment qui lui a donné la victoire sur les séductions dont l’a entourée Salomon.
V.7 : Les grandes eaux . . . les fleuves. . . Image de tous les moyens de séduction dont Salomon a en vain usé.
Il ne s’attirerait que du mépris, autrement dit, On le repousserait avec mépris. L’amour ne s’achète à aucun prix ; celui qui l’éprouve véritablement ne peut que repousser avec dédain toute offre vénale (corruptible). C’est là une parole qu’un autre aurait difficilement pu prononcer à l’égard du roi Salomon ; lui seul a pu dire cela de lui-même, à la suite de ce qui venait de lui arriver. Si nous aimons Christ, tout risque de voir faiblir notre amour envers Lui, ou toute tentation de L’abandonner, s’avèreront être finalement très douloureux. Aucune eau ne saurait nous désaltérer, comme l’Amour de Christ, aucun flot ne pourrait non plus anéantir un tel Attachement! Que rien ne puisse endiguer notre amour à Son égard. Ni la vie, ni les plaisirs de ce monde, ne doivent atténuer l’attachement du croyant envers Christ. Son Amour nous permettra de repousser triomphalement les tentations et les attraits du monde, aussi bien que ses dangers! 1 Cor 13. 1
Versets 13-14 : union de la bien-aimée à son bien-aimé : adieu
Verset 13 (c’est le Bien-aimé qui parle) : Il en est de même de l’énigme finale : la fuite du bien-aimé. Sulammith est remontée jusqu’à l’origine de l’œuvre messianique (verset 5) ; puis elle en a fait entrevoir la destination universelle (versets 8 à 10). Elle vient ensuite de jeter un regard sur l’apparition typique, d’un éclat extraordinaire, que Dieu en donne à Israël dans la personne et le règne de Salomon (versets 11 et 12). Et maintenant, semble-t-il, il ne lui reste plus qu’à s’unir à son bien-aimé. Au lieu de cela, le Cantique aboutit à un adieu. Le bien-aimé arrivait, se livrant à la première de ces perspectives. Il paraît, au verset 13, entouré de ses amis de noce et comptant bien que le moment est venu de célébrer enfin leur union. Pour la première fois, il prend la parole dans ce poème tout rempli de lui :
Toi, habitante des jardins. Il l’appelle ainsi pour caractériser le contraste entre le séjour actuel de Sulammith et son propre séjour ordinaire qu’il vient de quitter avec ses compagnons pour la rejoindre. Les jardins, en opposition aux pâturages des montagnes, sont l’emblème d’une vie sociale bien réglée. Il désire encore, avant de l’emmener, qu’elle leur fasse entendre, à lui et à ses amis, un de ces chants qui les ont si souvent ravis autrefois : « des amis prêtent l’oreille à ta voix ».
Verset 14 (c’est la Sulammith qui parle)
Fuis, mon bien-aimé ! Au lieu d’un chant d’amour et d’union, c’est un adieu. Quelle douloureuse surprise ! Cette fin du poème serait absolument inexplicable, s’il n’était qu’un roman d’amour. Ici, nous sommes poussés à une interprétation plus élevée. Sulammith congédie son bien aimé en le renvoyant sur les montagnes des aromates, ou il fait son séjour habituel. Il y a ici le sentiment fortement exprimé que le temps n’est point encore arrivé où peut se réaliser l’union figurée plus haut de la jeune fille et de son ami, c’est-à-dire, si nous ne nous trompons, d’Israël avec Jéhovah (verset 5). Ce n’est pas encore le moment où l’Eternel peut venir habiter le palais royal en Israël, s’asseoir sur le trône messianique. Un intervalle plus ou moins long doit séparer ce qui n’est encore que l’apparition typique du royaume divin sur la terre, telle qu’on la contemple actuellement en la personne de Salomon, de sa réalisation définitive et véritable.
Le vrai Berger doit pour le moment laisser la place au roi terrestre, jusqu’à ce que le terrain soit préparé pour sa propre apparition. En attendant, il doit se retirer dans une demeure supérieure, où Sulammith ne peut le suivre, cette demeure est appelée par Sulammith « les montagnes des aromates » ; on comprend ce qu’elle entend par là, quand on se rappelle que, près de Jérusalem, à côté du palais de Salomon, se trouvait, sur la colline du temple, le sanctuaire où Israël faisait fumer, chaque matin et chaque soir, sur l’autel d’or, l’encens composé des parfums les plus précieux ; comparez 6.2. Ce sanctuaire terrestre, résidence visible de Jéhovah au milieu de son peuple, n’est naturellement que l’image de la résidence céleste de l’Eternel, d’où il descendra en son temps pour s’unir à Israël et par là même à toute l’humanité. Ainsi, l’auteur du Cantique, soit un poète de la cour de Salomon, soit Salomon lui-même, termine le poème en faisant pressentir un délai plus ou moins considérable, qui séparera la réalisation typique du règne messianique en la personne de Salomon, de son accomplissement véritable et final,
figuré au verset 5. Cette différence de temps en implique naturellement aussi une complète de forme.
Ces versets 13 et 14 terminent le dialogue entre Christ et son église. Il s’adresse d’abord à elle en tant “qu’habitante des jardins”; l’église est composée par l’assemblée des saints, enseignant toutes les ordonnances divines. Le Seigneur l’exhorte à avoir de la persévérance et à être fervente dans ses prières, ses supplications, et ses louanges, en lesquelles Il prend tout Son plaisir. L’église réplique en exprimant son ardent désir du retour de son Époux, afin qu’Il la prenne définitivement avec Lui. Les cieux, ces “hautes montagnes spirituelles,” pleines d’aromates, sont la “résidence” du Christ, jusqu’au temps marqué, où tout œil Le verra, dans toute Sa Gloire, pour un monde meilleur. C’est ce qu’attendent les véritables croyants, et ils sont impatients de cette venue du “jour du Seigneur”. Que chaque chrétien s’efforce d’accomplir son devoir, là où il se trouve, afin que les hommes puissent constater ses bonnes œuvres, et qu’il puisse en retour, glorifier son Père céleste. Suite à de persévérantes et ferventes prières, relatives à nos différents besoins, nos actions de grâces abonderont, et notre joie sera complète; nos âmes seront enrichies, et nos œuvres seront prospères! Nous serons rendus capables d’attendre la mort et le jugement, sans la moindre crainte.
Amen, viens Seigneur Jésus!