Dans l’Eglise primitive, les chrétiens d’origine juive éprouvaient un très grand respect pour le temple de Jérusalem et les cérémonies qui s’y déroulaient. Dans certains cas, ce respect était tel qu’ils avaient de la peine à comprendre le rapport entre le ministère de Jésus, la mission du christianisme et les rites lévitiques. L’épître aux Hébreux fut écrite pour répondre à ce problème. L’auteur montre que la personne et l’œuvre de Jésus-Christ surpassent de beaucoup la valeur du rituel célébré dans le temple d’Israël et l’emportent sur toutes les philosophies et les religions d’inspiration humaine.
Nous voulons nous arrêter en particulier sur un extrait soulignant le lien étroit qui existe entre l’œuvre médiatrice du Christ sur la croix, son ministère de souverain sacrificateur dans le sanctuaire, et son second avènement :
« II était donc nécessaire que, d’une part, les représentations des réalités célestes soient purifiées de la sorte et que, d’autre part, les réalités célestes elles-mêmes le soient par de meilleurs sacrifices. Car Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait par la main de l’homme, imitation du véritable, mais dans le ciel même, afin de se présenter maintenant pour nous devant la face de Dieu, il n’y est pas entré afin de s’offrir plusieurs fois, comme le souverain sacrificateur entre chaque année dans le sanctuaire avec du sang étranger ; car alors, le Christ aurait dû souffrir plusieurs fois depuis la fondation du monde. Mais maintenant, à la fin des siècles, il a paru une seule fois pour abolir le péché par son sacrifice. Et comme il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, — après quoi vient le jugement — de même aussi le Christ, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés d’un grand nombre, apparaîtra une seconde fois, sans qu’il soit question du péché, pour ceux qui l’attendent en vue de leur salut.» (Hébreux 9 : 23-28.)
De nos jours, nous n’avons plus à démontrer que la valeur du sacrifice de Jésus-Christ surpasse celle des sacrifices offerts dans le temple des Juifs. Tout le monde, dans nos milieux, en est persuade. Mais l’enseignement que nous avons à tirer de ce texte concerne l’œuvre de Jésus en notre faveur. Trois phases successives de son ministère sont ici mentionnées :
1. Il a paru « pour abolir le péché par son sacrifice » (verset 26).
2. Il se présente « pour nous devant la face de Dieu » (verset 24).
3. Il apparaîtra « une seconde fois » (verset 28), c’est-à-dire lors de son retour glorieux.
L’abolition du péché
Au verset 26 du chapitre 9, l’auteur de l’épître aux Hébreux dirige notre attention sur le Calvaire, où « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » est venu délivrer son peuple du fardeau de sa culpabilité, « Le Christ a été traité selon nos mérites afin que nous puissions être traités selon ses mérites. Il a été condamné pour nos péchés, auxquels il n’avait pas participé, afin que nous puissions être justifiés par sa justice, à laquelle nous n’avions pas participé. Il a souffert la mort qui était la nôtre, afin que nous puissions recevoir la vie qui est la sienne. « C’est par ses meurtrissures que nous avons la guérison. »»
Il s’agissait, ne l’oublions pas, d’un sacrifice volontaire, librement consenti. Si nous prenions la peine d’approfondir cette vérité, ce serait pour chacun de nous un enrichissement spirituel : nous comprendrions mieux que ce geste spontané est une des preuves les plus convaincantes de l’amour de Jésus pour nous.
Ayant été accompli une fois pour toutes {Hébreux 7 : 27),ce sacrifice n’a donc pas besoin d’être renouvelé. Il est amplement suffisant et permet de répondre à tous les besoins, d’offrir une solution à tous les problèmes et pour toutes les situations.
Mais si le Christ est venu «pour abolir le péché par son sacrifice », sa mission ne s’est pas achevée à la croix ; elle devait se poursuivre dans le sanctuaire céleste.
L’intercession
Durant cette semaine de prière, nous avons étudié les fonctions de Jésus-Christ officiant comme grand prêtre en présence de Dieu. Ce ministère que Jésus accomplit «pour nous» (Hébreux 9: 24} répond à une nécessité constante. «Chacun de ceux qui s’affranchiront de l’influence et de l’esclavage de Satan et qui se tiendront sous la bannière ensanglantée du Prince Emmanuel seront gardés par l’intercession du Christ, Jésus, notre médiateur, siégeant à la droite du Père, garde ses regards constamment fixés sur nous ; car le soutien qu’il nous apporte par son intercession est aussi nécessaire que le salut obtenu par son sang. S’il nous retirait son appui un seul instant, Satan risquerait de nous détruire. Ceux que le Christ a rachetés par son sang, il les protège par son intercession. » —
Grâce à la médiation du Christ, nous pouvons solliciter de Dieu trois bienfaits spirituels : le pardon des péchés, le secours de l’Esprit-Saint et l’atténuation du mal dans le monde.
En méditant sur les grandes vérités du sanctuaire, je puis mieux comprendre la grandeur du plan de Dieu pour moi. Le sanctuaire me rappelle que par la mort, la résurrection et l’intercession du Christ, mes péchés peuvent être pardonnes et que je puis avoir la paix avec Dieu. L’expiation ayant été accomplie, le don de la justice du Christ est à ma disposition. Par les mérites de mon Sauveur, je suis considéré comme juste. Ces bienfaits me sont accordés par lui et par lui seul. Tout ce que je peux faire pour être justifié, c’est d’accepter par la foi la justice du Christ. L’homme justifié se tient en présence du Dieu saint comme s’il n’avait jamais péché. « Grâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable ! » (2 Corinthiens 9 : 15.]
De plus, étant introduit dans une relation normale avec mon Sauveur, j’ai l’assurance que, par la régénération, je puis grandir jour après jour à son image.
Par le Christ, nous avons accès à la puissance du Saint-Esprit, « pour que nous puissions vaincre nos défauts, héréditaires ou acquis … »
Ma seule protection est la robe de la justice du Christ ; grâce à Son intercession et par l’action du Saint-Esprit, je peux journellement faire l’expérience 6e la sanctification et voir se réaliser la promesse de la justice communiquée Et tandis que j’attends l’heure de la glorification, le Seigneur agit pour endiguer les assauts de Satan et de toutes les puissances du mal qui cherchent à détruire la terre par les cataclysmes, les guerres, les antagonismes de toute nature, les maladies et la débauche.
« L’époque dans laquelle nous vivons est extrêmement agitée. L’ambition, les conflits, la recherche des plaisirs et l’amour de l’argent absorbent l’esprit des hommes. Il sait qu’il lui reste peu de temps, aussi a-t-il mobilisé tous ses agents afin que les hommes soient trompés, égarés, occupés et grisés jusqu’à ce que le temps de probation soit achevé et que la porte de la grâce soit définitivement fermée. » —
Nous devrions être reconnaissants que Jésus ait prescrit à ses anges de protéger les croyants fidèles contre les noirs desseins tramés par Satan et ses suppôts. Le Seigneur sait délivrer ses disciples des tentations par trop difficiles à surmonter.
L’intercession de notre souverain sacrificateur auprès du Père ne doit pas être conçue comme un effort par lequel Jésus chercherait à convaincre Dieu de se montrer miséricordieux à notre égard. Ellen White écrit : « Ce n’est pas comme un simple suppliant qu’il plaide pour nous, mais comme un conquérant qui réclame les fruits de sa victoire.» —
Cette victoire a été obtenue au Calvaire. Elle est le fondement sur lequel repose l’exaucement de nos prières. « Le Christ lutta intensément dans la prière. Il présenta au Père ses supplications avec de grands cris et avec larmes en faveur de ceux pour le salut desquels il avait quitté le ciel et était venu sur cette terre. Aussi, combien il est normal, vital même que les hommes prient sans se relâcher ! Combien il est important qu’ils prient avec instance, demandant l’aide qui ne peut venir que du Christ, notre Seigneur I Si vous trouvez l’énergie et le temps nécessaires pour prier, Dieu trouvera le temps et les moyens de répondre à vos prières. –
Le retour du Christ
Après avoir aboli le péché par son sacrifice et achevé son ministère d’intercession auprès du Père, Jésus accomplira la troisième partie du plan divin : « Le Christ, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés d’un grand nombre, apparaîtra une seconde fois, sans qu’il soit question du péché, pour ceux qui l’attendent en vue de leur salut.» (Hébreux 9 : 28.) Sans doute, ceux auxquels il apparaîtra seront déjà sauvés en espérance; mais en ce jour-là, le salut dont ils bénéficiaient par la foi deviendra une vivante réalité. Ce passage des Ecritures est unique en son genre : il est le seul à parler explicitement d’une «seconde» venue.
Ceux auxquels le Christ vient apporter le salut ont été ses sujets au sens spirituel du terme. Ils ont cru en lui et il les a sauvés. Ils ont accepté que Jésus exerce sa seigneurie sur leurs vies. Maintenant, en tant que Seigneur et Roi. il les accepte comme les sujets de son royaume de gloire. Entre-temps le royaume de Satan aura été neutralisé, avant d’être rapidement et définitivement condamné par le jugement dernier.
Si nous voulons être prêts à rencontrer le Sauveur lors de son second avènement, nous devons croire qu’il a effectivement paru une première fois « pour abolir le péché par son sacrifice » et qu’il se présente actuellement pour nous devant la face de Dieu. Autrement dit, Jésus et sa seule grâce salvatrice peuvent faire de nous les sujets de son royaume.
Ce retour du Seigneur, l’attendons-nous avec enthousiasme ? Que font les gens qui attendent quelqu’un avec ardeur? Qu’est-ce qui caractérise l’enthousiasme? Comment se manifeste-t-il ? Ne devrait-il pas se traduire par l’amour des âmes et le zèle missionnaire ? « Le privilège de chaque chrétien n’est pas seulement d’attendre le retour du Sauveur, mais de le hâter. » — Les paraboles de Jésus, p. 52. Oui, nous devrions considérer comme un privilège de pouvoir exprimer par notre vie et par nos paroles les bienfaits que le Sauveur a accomplis en notre faveur.
Nous vivons l’époque la plus exaltante de l’histoire de notre monde : celle de la moisson. Veillons à ne pas manquer à nos engagements envers le Seigneur et réagissons de manière à ne pas décevoir son attente, «La vigilance et l’activité doivent marcher de pair ; la foi et les œuvres doivent être unies. » —
Jésus, lisons-nous dans l’épître aux Hébreux, « apparaîtra une seconde fois». Certains ont vu, dans cette apparition du Christ aux yeux de son peuple dans l’attente, une analogie avec l’apparition du souverain sacrificateur se présentant jadis devant les Israélites qui guettaient, anxieux, sa sortie du lieu très saint le jour des Expiations. Les moments que vivaient les Hébreux en cette circonstance devaient être pleins de gravité. Tandis que le grand prêtre officiait dans le lieu très saint avec le sang du bouc expiatoire, le peuple attendait qu’il revienne sain et sauf après être resté en la présence immédiate du Très-Haut. Ellen White écrit à ce sujet : « De même que le grand prêtre, après avoir terminé son service dans le lieu très saint, sortait au-devant de la congrégation en vêtements sacerdotaux, de même le Christ viendra une seconde fois, revêtu d’un vêtement d’une blancheur si éclatante « qu’il n’est pas de foulon sur la terre qui puisse blanchir ainsi ». Il reviendra dans sa gloire et dans celle de son Père, et toutes les armées angéliques l’escorteront, » —
Scène émouvante, indescriptible : Jésus, le Chef de l’Eglise, revenant pour accueillir ses disciples répartis dans le monde entier. Son œuvre de médiation étant achevée, il se présentera devant son peuple comme un roi venant délivrer ses sujets d’un monde qui cherche à les faire mourir. C’est en vue de cette heure suprême qu’il a prononcé cette prière :« Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’Us contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. » (Jean 1 7 : 24.)
Plus de huit cents ans se sont écoulés depuis que le Sauveur a promis de revenir. A travers les siècles, ses paroles ont rempli de courage le cœur de ses fidèles. La promesse ne s’est pas encore accomplie ; la voix de celui qui est la source de la vie n’a pas encore appelé les saints qui dorment dans leurs tombeaux ; mais sa parole n’en est pas moins certaine. Au temps qu’il a fixé, Dieu accomplira sa promesse. Y a-t-il lieu de nous décourager ? De laisser noire foi se relâcher alors que le royaume éternel est si près de nous ? Dirons-nous : La cité de Dieu est encore très loin ? Certainement pas.
« Encore un peu de temps, et nous verrons le Roi dans sa beauté. Encore un peu de temps, et il essuiera toute larme de nos yeux. Encore un peu de temps, il nous fera « paraître devant sa gloire, irréprochables dans l’allégresse »,
Le ciel entier est en pleine effervescence, tandis que se prépare le jour de la colère divine, et celui de la délivrance de Sion. Le temps de l’attente est presque écoulé. Les pèlerins et les étrangers qui ont si longtemps cherché une meilleure patrie y seront bientôt entrés. Je me sens poussée à proclamer bien haut : Nous voici tout près de la maison ! Nous approchons à grands pas de l’heure où le Christ viendra pour rassembler auprès de lui ses élus. » —
Oui, nous serons bientôt dans le royaume de Dieu. La promesse est certaine, Etes-vous prêts et attendez-vous avec enthousiasme l’arrivée du Roi des rois et du Seigneur des seigneurs? Vous seul et Jésus peuvent répondre à cette question décisive.
Pasteur Neal Wilson
Extrait d’une Revue
Adventiste de 1980