Le temps dans lequel nous vivons est unique en son genre ; il diffère de toutes les autres époques de l’histoire,. Actuellement, l’instruction du jugement se poursuit dans le ciel. Cette œuvre solennelle a pour objet de déterminer qui sera admis dans la compagnie des êtres célestes exempts de péché lors du glorieux avènement de Jésus, et qui en sera exclu. Le temps qui s’est écoulé depuis 1844 correspond à celui de la fête des Expiations autrefois célébrée en Israël.
En ce jour, les Israélites fixaient leurs regards sur le sanctuaire terrestre, où le souverain sacrificateur officiait comme médiateur entre Dieu et le peuple. Ils sondaient attentivement leurs cœurs et leurs vies afin de s’assurer que tous leurs péchés avaient été confessés, qu’ils s’en étaient repentis et les avaient abandonnés. Pour eux, une seule chose comptait : être en règle avec Dieu afin de ne pas être retranchés du milieu de son peuple.
D’après la Bible, il est clair que l’ancien sanctuaire était une image du sanctuaire céleste : « Le point capital de ce que nous venons de dire, c’est que nous avons un tel grand prêtre : il a pris place dans les cieux à la droite du trône du Très-Haut. Il y siège en qualité de ministre du véritable Tabernacle, celui qui n’a pas été érigé par un homme, mais par le Seigneur lui-même. » (Hébreux 8:1,2, transcription moderne de la Bible.) Le « véritable – tabernacle (sanctuaire) est dans les cieux, et Jésus en est le grand prêtre.
De plus, les fonctions dont les prêtres s’acquittaient dans le sanctuaire terrestre préfiguraient le sacerdoce du Christ dans le sanctuaire céleste. Selon te Nouveau Testament, le culte liturgique qu’ils présidaient était «une image et une ombre des réalités célestes « (Hébreux 8 :5). Par les animaux offerts en sacrifice, et dont les prêtres se nourrissaient, par le sang aspergé sur le voile dans le lieu saint, les péchés que le peuple avait confessés étaient figurativement transférés dans le sanctuaire. Or l’accumulation de ces péchés durant toute l’année avait pour effet de « souiller » le sanctuaire. C’est pourquoi, en fin d’année, à la fête des Expiations, les péchés accumulés dans les lieux saints étaient enlevés. C’est ainsi que le sanctuaire était purifié.
Le sanctuaire céleste, dont le terrestre était l’image, devait lui-même être purifié : «II était donc nécessaire, puisque les images des choses qui sont dans les cieux devaient être purifiées de cette manière, que les choses célestes elles-mêmes le soient par des sacrifices pi us excellents que ceux-là.» (Hébreux 9: 23, version Second revue, 1975.) Par une intervention divine lors du jour antitypique des Expiations, les péchés du peuple de Dieu accumulés dans le sanctuaire céleste devaient donc être éliminés, et celui-ci «purifié».
Au prophète Daniel fut révélée l’époque à laquelle interviendrait cette purification ; «Deux mille trois cents soirs et matins; puis le sanctuaire sera purifié. » (Daniel 8:14, version Second, 1949.) Lorsque les pionniers du mouvement adventiste étudièrent cette prophétie, ils parvinrent à la conclusion que le point de départ des 2300 jours était le même que celui des 70 semaines dont il est question dans Daniel 9 : « Depuis la promulgation de la parole disant de rétablir et de reconstruire Jérusalem » (verset 25). Ayant découvert que l’édit autorisant la reconstruction de Jérusalem avait été promulgué à l’automne 457 av. J.-C., ils comptèrent 2 300 années à partir de cette date (selon le principe d’équivalence jour-année dans la prophétie biblique) et aboutirent au 22 octobre 1844, époque à laquelle devait commencer la purification du sanctuaire céleste.
En approfondissant la signification des cérémonies du sanctuaire Israélite, ils comprirent également que le jour des Expiations était un jour de jugement, où la destinée de chaque homme était fixée. Tous ceux dont les péchés avaient été transférés dans le sanctuaire pourraient continuer à faire partie du peuple de Dieu. En revanche, ceux dont les péchés n’avaient pas été confessés étaient « séparés », c’est-à-dire exclus de ce peuple. C’est pour cette raison évidente que les prophéties de Daniel 7 et 9 nous sont présentées avec la scène du jugement comme toi le de fond : «Je regardais, écrit Daniel, pendant que Ton plaçait des trônes, l’Ancien des jours s’assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tète purs comme de la laine ; son trône était comme des flammes de feu, et les roues comme un feu ardent. Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient, et des myriades se tenaient en sa présence. Les juges s’assirent, et les livres furent ouverts. » (Daniel 7 : 9, 10.)
Conscients de vivre au temps du jugement, les premiers adventistes étaient pénétrés d’un profond sentiment de solennité. Ils sondaient leurs cœurs pour s’assurer qu’ils étaient en règle avec Dieu. Ils confessaient leurs péchés et exprimaient leur repentir avec larmes. Ils cherchaient à rencontrer ceux auxquels ils avaient fait du tort et leur demandaient pardon. Ils priaient l’Eternel, afin qu’il leur donne de vivre une expérience chrétienne plus intense et de recevoir l’effusion du Saint-Esprit.
Tandis qu’ils continuaient à examiner les Ecritures, ils reçurent de Dieu un surcroît de lumière. « L’étude de ce sujet [le sanctuaire céleste] révéla tout un système harmonieux de vérités…. La lumière émanant du sanctuaire éclairait le passé, le présent et l’avenir. » — La tragédie des siècles, p. 459. Les croyants virent que, dans la parabole des noces (Matthieu 22 : 1-14), l’instruction du jugement était symbolisée par l’entrée du roi venu pour s’assurer que tous les invités avaient bien revêtu l’habit de noces. En outre, les premiers adventistes comprirent que « la venue du Seigneur en qualité de souverain sacrificateur dans le lieu très saint pour purifier le sanctuaire, mentionnée dans Daniel (8 :14), la venue du Seigneur dans son temple, dont parle Malachie, sont autant de descriptions du même événement ; à quoi il faut ajouter l’arrivée de l’époux mentionnée dans la parabole des dix vierges. »
Deux idées-forces
Nos pionniers furent frappés par deux idées principales qui se dégagent des vérités relatives au sanctuaire.
1) Puisque l’instruction du jugement est en cours, le temps qui s’écoule depuis 1844 revêt un caractère profondément solennel.
2) Les disciples du Christ devraient coopérer activement avec lui et par les moyens que leur offre le ciel pour cultiver un caractère semblable a celui du Maître, rompre avec tout péché connu et s’appuyer sur sa force pour en triompher. « Solennelles sont les scènes qui marquent l’achèvement de l’expiation. Cette œuvre comporte des intérêts d’une valeur infinie. Le tribunal suprême siège maintenant depuis plusieurs années. Bientôt, nul ne sait quand, les dossiers des vivants y seront examinés. Bientôt, notre vie passera sous le redoutable regard de Dieu. Il convient donc plus que jamais de prendre gardée cette exhortation du Sauveur : « Prenez garde, veillez et prie ».
Dans la parabole des dix vierges, lorsque l’époux survint, « celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui au festin de noces, et la porte fut fermée» (Matthieu 25 : 10). De même, dans la parabole relatée au chapitre 22 de Matthieu, seuls les convives qui avaient revêtu l’habit de noce purent participer à la fête. « Quiconque ne porte pas cet habit est jeté dehors ; mais ceux qui en sont trouvés revêtus sont acceptés et jugés dignes de participer au royaume de Dieu et d’occuper une place sur le trône de l’agneau. Cet examen des caractères, ce choix des sujets propres au royaume de Dieu, c’est l’instruction du jugement par laquelle se termine l’œuvre du sanctuaire céleste. »
On ne saurait surestimer la gravité de l’œuvre qui se poursuit actuellement dans le sanctuaire céleste. Le prophète Daniel vit qu’au moment où le jugement commença dans le ciel, «les livres furent ouverts » (Daniel 7:10). Evoquant la même scène, l’apôtre Jean déclare non seulement que les livres furent ouverts, mais aussi que « les morts furent jugés d’après ce qui était écrit dans les livres, selon leurs œuvres » (Apocalypse 20 : 12).
Dans les registres célestes figure un compte rendu précis de chacune de nos vies; «En face de chaque nom, dans les registres du ciel, sont couchés avec une redoutable exactitude toute parole mauvaise, tout acte égoïste, tout devoir négligé, tout péché secret, toute dissimulation. Les avertissements du ciel oubliés, les moments perdus, les occasions non utilisées, les influences exercées, bonnes ou mauvaises, avec leurs résultats les plus éloignés : tout est fidèlement inscrit par l’ange enregistreur. »
Sachant que Dieu prend ainsi note de tous les détails de notre existence et que chacune de nos vies sera jugée à la lumière de sa loi (Ecclésiaste 12 : 13, 14), comment ne serions-nous pas saisis à notre tour par un sentiment de gravité indicible ? Comment ne reconnaîtrions-nous pas que notre seul espoir d’acquittement est de placer toute notre confiance en Jésus qui mourut pour nous sur le Calvaire (Romains 5: 8-10; 1 Corinthiens 1 5 : 3 ; Hébreux 9 : 28) ? Il a lui-même formé un caractère parfait et nous offre sa justice (Hébreux 5 : 8, 9 ; Les Paraboles de Jésus, p. 270, 271). Il officie maintenant dans les lieux célestes en qualité de médiateur, nous représentant auprès du Père pendant que se déroule le jugement (1 Timothée 2 : 5 ; Hébreux 7 : 25 ; 8 : 1, 2 ; 1 Jean 2:1).
Ellen White écrit à ce sujet : «Le sanctuaire céleste est le centre même de l’œuvre de Dieu en faveur des hommes. … L’intercession du Sauveur en faveur de l’homme dans le sanctuaire céleste est tout aussi importante dans le plan du salut que sa mort sur la croix. Depuis sa résurrection, Jésus achève dans le ciel l’œuvre commencée par lui sur la croix. … Jésus nous a frayé la voie qui mène au trône du Père; désormais, grâce à sa médiation, tout désir sincère exprimé par ceux qui vont à lui par la foi peut être présenté devant Dieu… ».
Quand il est monté au ciel après avoir triomphé de Satan et rendu le salut accessible à tous ceux qui l’accepteraient par la foi, le Christ inaugura la première phase de son sacerdoce dans le sanctuaire céleste, correspondant à celle accomplie jadis par le souverain sacrificateur dans le lieu saint du sanctuaire terrestre. En 1844, lors du jour antitypique des Expiations, Jésus commença la seconde phase de son ministère céleste, l’œuvre finale d’expiation marquée par l’instruction du jugement et qui correspond au ministère du souverain sacrificateur officiant autrefois dans le lieu très saint du tabernacle.
Nous vivons à l’époque du grand jour des Expiât ions. Dans le culte mosaïque, pendant que le souverain sacrificateur faisait l’expiation pour Israël, chacun devait se repentir de ses péchés et s’humilier devant le Seigneur, sous peine d’être retranché de son peuple. Maintenant, de même, pendant les quelques jours de grâce qui restent encore, tous ceux qui veulent que leur nom soit maintenu dans le livre de vie doivent affliger leur âme devant Dieu, ressentir une véritable douleur de leurs péchés et faire preuve d’une sincère conversion. Un sérieux retour sur soi-même est nécessaire…. Quoique toutes les nations doivent passer en jugement. Dieu examinera le cas de chaque individu avec autant de soin que si celui-ci était seul sur la terre.
Une œuvre particulière
Au chapitre 14 de l’Apocalypse, versets 6-12, saint Jean présente les messages particuliers qui doivent être proclamés dans le monde entier pendant l’époque solennelle de l’instruction du jugement. Ces messages appellent l’attention des hommes sur la question de savoir à quelle autorité ils acceptent de se soumettre. Tandis que le tribunal de Dieu siège dans le ciel, le Seigneur accomplit une œuvre spéciale auprès de son peuple afin que celui-ci soit prêt pour le jour où la porte de la grâce sera définitivement fermée.
« Tandis que l’instruction du jugement se poursuit dans le ciel et que les péchés des croyants repentants sont éliminés du sanctuaire, une œuvre spéciale de purification, de renoncement au péché doit s’accomplir ici-bas au sein du peuple de Dieu. »
Quelle époque solennelle que la nôtre ! Sommes-nous fidèles dans l’utilisation des talents qui nous ont été confiés? Employons-nous notre temps, nos esprits, nos mains, nos voix, notre argent et notre influence pour la gloire de Dieu et le bien de l’humanité?
L’heure est venue de confesser nos péchés et de dominer nos défauts de caractère. «Celui qui dissimule ses transgressions ne prospérera point; mais celui qui les avoue et v renonce obtiendra miséricorde. » (Proverbes 28 : 13, version Synodale.)
L’adversaire nous tend constamment des pièges. « Pour cela, il nous trompe par ce fatal sophisme : il ne t’est pas possible de vaincre ce penchant. St ceux qui cachent et excusent leurs fautes pouvaient voir Satan triompher à leur sujet, ils se hâteraient de les confesser et de les délaisser, en se rappelant que Jésus présente devant Dieu ses mains meurtries et son côté percé, et dit à tous ceux qui veulent le su ivre : « Ma grâce te suffit » (2 Corinthiens 12 : 9). « Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger, » (Matthieu 11 : 29, 30.) Que nul donc ne considère ses défauts comme incurables. Dieu vous donnera foi et grâce pour les surmonter. »
Compte tenu des temps solennels dans lesquels nous vivons, il est impensable que les chrétiens se contentent de suivre leur train-train journalier. Certains modes de vie qui étaient admissibles avant 1844 ne le sont peut-être plus aujourd’hui. En cette époque de jugement, les chrétiens devraient renoncer à certains passe-temps, certains divertissements apparemment inoffensifs. Ce qui est « bon » doit céder la place à ce qui est le meilleur.
Non, nous ne saurions trop insister sur la gravité des temps dans lesquels nous vivons. En outre, nous devons être de plus en plus conscients de l’amour et de la puissance infinie du Sauveur, à qui nous avons dédié nos vies. Il nous offre sa justice afin que nous nous en revêtions. En sa qualité de souverain sacrificateur, « il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur ». (Hébreux 7 : 25).
Puissions-nous fixer nos regards sur le sanctuaire céleste, où Jésus officie en notre faveur. Recherchons la puissance qu’il désire tant nous donner. Par sa grâce, nous pouvons affronter le jugement avec assurance. Par sa grâce, nous pouvons obtenir l’huile du Saint-Esprit dont nos lampes ont besoin pour aller à la rencontre de l’époux lorsqu’il reviendra.
Pasteur K. H. Wood
Extrait d’une Revue
Adventiste de 1980