INTRODUCTION
Le problème de l’incarnation de la divinité en la personne de Jésus suscita aussi de nombreuses controverses. D’un côté, les théologiens d’Alexandrie insistaient sur la divinité de Jésus au détriment de son caractère humain ; leurs principaux adversaires, les théologiens de l’école d’Antioche, insistaient au contraire sur l’humanité de Jésus au détriment de sa divinité. À Alexandrie, les apollinaristes affirmèrent que dans le Jésus humain, le Logos s’était substitué à son esprit. La thèse revenait à nier la pleine humanité du Christ et l’apollinarisme fut condamné par le premier concile de Constantinople, en 381. Une autre hérésie surgit de l’école d’Antioche au Ve siècle : le nestorianisme. Les nestoriens affirmaient que deux personnes distinctes se trouvaient réunies dans le Christ incarné : ils rejetaient donc le titre de « Théotokos » (mère de Dieu) donné à Marie par l’école d’Alexandrie. Pour Nestorius, patriarche de Constantinople, et ses adeptes, Marie était la mère du Jésus humain mais pas du Fils à la fois divin et humain. Contre le nestorianisme, les conciles d’Éphèse (431) et de Chalcédoine (451) réaffirmèrent le titre de « Théotokos ». Au concile de Chalcédoine, l’incarnation fut définie comme « deux natures, une personne », formule devenue classique dans l’orthodoxie chrétienne. Mais la définition du concile de Chalcédoine suscita de nouveaux désaccords : une partie importante de l’école d’Alexandrie affirma que le Fils incarné était uniquement de nature divine (monophysisme), remettant de nouveau en question l’humanité de Jésus[1].